Projet Associatif

Le cadre du projet

Un contexte en évolution

Depuis 50 ans, la société a évolué et notre association Albatros de Petite-Chapelle, qui fête également ses 50 ans, n’a cessé d’adapter les projets qu’elle défend, pour améliorer les conditions d’existence des personnes handicapées mentales et de leurs familles.

Dans le projet associatif 2023-2028, nous voulons réaffirmer notre identité, nos valeurs, nos missions et notre souhait d’évoluer, de progresser et de nous développer dans la mesure du possible. 

En effet, les contextes économiques et sociaux inspirent plutôt la prudence et le maintien de la qualité des services est déjà un challenge en soi.

Notre volonté est de nous positionner comme un acteur majeur de l’accompagnement des personnes en situation de handicap mental mais également comme un acteur volontariste de l’économie sociale et solidaire afin de construire ensemble une société inclusive permettant la réussite de tous. Le tout dans notre situation transfrontalière.

Pour cela, nous avons adapté l’accessibilité tant au niveau de l’accès aux bâtiments qu’à une accessibilité universelle la plus large possible avec une volonté inclusive.

Dans toute la mesure de ses possibilités, la personne handicapée mentale participe à la définition et à la formulation de son projet de vie, elle exprime ses souhaits et ses besoins qui contribueront à son bonheur, à son inclusion dans la société.

Avec les familles et les professionnels, nous devons trouver un équilibre entre un accompagnement individuel et des solutions collectives.

Durant ces 50 années, nous avons appris, expérimenté, amélioré, nous nous sommes adaptés, nous avons valorisé nos savoir-faire, nous voulons les faire connaître, les protéger, garantir la qualité de l’accompagnement, gérer la complémentarité des services, assurer la formation qualifiante des professionnels et veiller à procurer un parcours adapté à chaque personne handicapée.

Dans ce cadre, il est important que les associations disposent de moyens nécessaires.

Ce projet s’adresse donc à l’ensemble des acteurs : usagers, familles, professionnels autorités de tarification. Fondé sur notre histoire et orienté vers le futur, il établit une vision fédératrice pour les cinq années à venir.

Fort d’une expérience de 50 années pour répondre aux besoins évolutifs des personnes handicapées et de leur famille, notre projet est vecteur d’inclusion et toujours en recherche d’innovations.

Des enjeux évolutifs

Au fil des années passées, de profonds changements sont intervenus dans le contexte économique et social.

L’accroissement des exigences légales et règlementaires ainsi que la conjoncture économique défavorable ont profondément bouleversé le secteur médico-social le poussant à entrer, tant bien que mal, dans l’ère des organisations modernes et d’évoluer vers une culture de performance et de résultat.

En ce qui concerne le handicap, les lois de nos deux pays de référence (Belgique, France) ont contribué à des changements mettant en exergue les notions d’inclusion, de participation, de citoyenneté et d’égalité des chances et des droits. La personne handicapée est enfin reconnue comme un citoyen à part entière et a droit à la compensation des conséquences de son handicap. Dans cette logique, l’accompagnement sans ruptures est devenu un devoir collectif.

Ainsi et dans un contexte marqué par des ressources à la baisse pour des besoins à la hausse, notre projet associatif a été conçu sur la base d’un postulat : adapter nos réponses et développer des solutions en fonction des besoins des personnes en situation de handicap mental et de leurs familles.

Les soutiens de l’environnement et des partenaires sont devenus essentiels.

Une méthodologie adaptée

Ce projet est le résultat d’un travail collaboratif associant le Conseil d’Administration et les professionnels de l’association. Cette approche nous a permis de croiser les grandes lignes politiques avec les besoins identifiés et de définir, ensemble, un plan stratégique cohérent, en lien avec nos valeurs et nos missions associatives.

Réfléchi dans une logique de continuité entre le passé, le présent et le futur, ce projet a été conduit en trois grandes étapes fondées sur les questions suivantes : « D’où venons-nous ? Où en sommes-nous ? Où voulons-nous aller ? ».

Ainsi, c’est à partir de ces trois thématiques de réflexion que les différents chapitres, ici présentés, ont été conçus. 

Le passé se traduit par le bilan des actions menées dans le cadre du projet associatif précédent.

Le présent projet repose, d’une part, sur la caractérisation de l’Association, notamment ses missions et ses valeurs et, d’autre part, sur le diagnostic résultant de l’analyse de la population accueillir, des besoins non couverts et du contexte. 

Pour ce qui est du futur, celui-ci est le résultat d’une conjugaison complexe qui tient compte des éléments mentionnés précédemment ainsi que de nos souhaits de développement. Il se traduit par le plan stratégique définissant l’orientation de l’Association pour les cinq années à venir.

L’Association

Notre histoire

En 1973, l’Albatros démarre à Saint Denis près de Mons en Belgique dans les locaux d’une ancienne abbaye.

Ce foyer occupationnel prenait vie pour héberger et occuper les personnes qui n’avaient pas les capacités de suivre le rythme de travail exigé dans les ateliers protégés ou CAT de l’époque. Les premiers résidents d’origine belge et du département du Nord y étaient accueillis.

« Un travail éducatif de pionnier » car tout était à créer, à imaginer, à construire et les moyens financiers étaient bien sûr insuffisants.

Il fallait une équipe de « battants convaincus » qui allaient se dépenser sans compter.

L’Association de parents « le gai réveil » se créait et menait des ventes records de massepain (pâte d’amendes) pour compléter les finances. C’était la phase de lancement.

Mais le site de l’abbaye de Saint Denis, verdoyant et bucolique, ne pouvait suffire pour permettre le développement à venir. Les bâtiments étaient vétustes, la recherche d’un grand bâtiment quelque part et de fil en aiguille amène les dirigeants à Petite Chapelle car s’y trouve un ancien couvent mais là aussi les locaux vétuste et les espaces extérieurs insuffisants. 

Cependant, le propriétaire de ces bâtiments proposa des terrains qui pouvaient se transformer en zone constructible. Des projets et des travaux de construction importants sont entrepris avec l’aide financière du Ministère belge de la santé publique.

En 1980, toute l’équipe et les 35 résidents peuvent immigrer en terre inconnue. La nouvelle structure était prête à les accueillir mais tout était encore à faire, à mettre en place et à créer. C’était la deuxième naissance.

On allait donner vie à cette nouvelle infrastructure, à ce nouvel espace à explorer, à investir, à intégrer, à animer et on a commencé par faire la fête, par accueillir la population, par aller à leur rencontre.

Mais très vite, sous l’impulsion de cette équipe dynamique, on ressent déjà le besoin de quitter le centre et on investit deux nouveaux foyers à quelques kilomètres dans le village voisin.

Ceci permettra une diversité de projets pédagogiques au sein de ces nouveaux foyers, avec une adaptation spécifique pour chacun d’eux, en fonction des difficultés que chaque personne rencontre, de ses capacités à vivre dans un groupe déterminé et de la situation géographique du foyer.

C’est ainsi qu’un foyer de semi-autonomie, dont le projet est porté par un jeune éducateur, voit le jour en 1984 et c’est aussi l’ensemble du système éducatif qui se structure.

Les équipes d’hébergement, d’ateliers et de loisirs se distinguent. Les ateliers se mettent en place, les personnes peuvent choisir leurs activités en fonction de leur rythme et d’un équilibre à trouver entre activités d’expression, d’artisanat ou de nature. 

L’AUTODETERMINATION n’était pas encore un mot à la mode mais à l’Albatros, « l’équipe faisait de la prose sans le savoir » sachant que les réflexions pédagogiques suivies des pratiques étaient naturelles. Cette posture anime encore aujourd’hui l’association mais un travail conséquent de formalisation s’est imposé également.

Il y en a pour tous les goûts : le jardin, la ferme, l’équitation, l’éveil, la ferronnerie, l’imprimerie, l’expression corporelle, la peinture, la poterie, la musique, le tissage, la pâtisserie, la boulangerie, la laiterie, la cuisine, la chocolaterie, l’horticulture….

On s’efforce aussi de développer le sport et les loisirs, ceci par la mise en place d’un programme d’activités sportives adaptées, par des rencontres de championnat inter-clubs organisées par la Fédération Omnisport Adapté, mais également par un programme culturel, sportif et de détente au quotidien aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Albatros.  Les résidents peuvent s’y inscrire individuellement ou en groupes.

Par ailleurs, de nombreux séjours de vacances sont organisés, les plus extraordinaires les uns que les autres, allant même jusqu’à réaliser l’exploit de vaincre le sommet du Mont Blanc.

Et puis, les nombreuses fêtes, avec les familles, la population, les amis : fêtes champêtres, rallyes touristiques, fêtes de Noël, Maman Gâteau, festival de spectacles….

C’est aussi l’occasion pour les résidents d’inviter leurs parents dans leur milieu de vie et de partager avec eux des moments de loisirs.

Mais les années passent. Entretemps, le Conseil Général des Ardennes innove et approuve la construction sur le territoire français de deux nouveaux foyers : la Source dont la pelouse est la frontière physique et la Redoute (à Rocroi) qui ouvrent leurs portes en 1990-1991. Ils permettent d’accueillir les premières dames et d’augmenter la capacité d’accueil de ressortissants ardennais.

Un projet transfrontalier original et unique prenait naissance.

D’autres installations se mettent en place comme la salle de spectacles, la salle de sports, le nouveau restaurant, l’infirmerie, divers ateliers comme les ateliers culinaires.

Mais aussi de nouveaux foyers d’hébergement dans le village de Cul Des Sarts, à 6 km du centre voient le jour: les foyers du Clos Normand et de l’Eau Noire.

Dans son schéma départemental, le Conseil Général des Ardennes et la DASS inscrivent la création de places en Foyer d’Accueil Médicalisé. En recherche d’adaptation permanente, l’Albatros ne manque pas de répondre et crée le 1er Foyer d’Accueil Médicalisé des Ardennes autorisé par le Conseil Général et le Préfet des Ardennes. Celui-ci va ainsi permettre de répondre aux besoins d’adultes gravement handicapés, présentant une dépendance totale ou partielle, notamment pour des personnes autistes avec de graves problèmes de comportement entre autres mais aussi pour des personnes nécessitant davantage de soins médicaux et paramédicaux. Un accompagnement en fin de vie est également prévu.

Enthousiasmé par l’ensemble du projet de l’Albatros, le Conseil Général des Ardennes lui propose de porter la création d’un nouvel établissement sur le sol ardennais. Le village de Montcornet manifeste son désir de collaborer et son accueil chaleureux permet la construction de l’infrastructure sur un site de 16 hectares mis à disposition.

Le directeur adjoint de l’Institut Albatros s’engage à fond dans ce projet et l’établissement ouvre ses portes fin 2008. Une directrice est engagée et elle s’est immergée pendant plusieurs mois à Petite-Chapelle, pour s’imprégner de la pédagogie et de la culture de l’Albatros.

L’Albatros Ardennes, association française, est né. Elle accueille aujourd’hui en hébergement et en externat plus de 100 personnes handicapées.

Entretemps sur le site de Petite-Chapelle se construisent les nouveaux foyers de la Tauminerie.

Notre association de parents, « le Gai Réveil », devient APARA (Association de Parents et Amis de l’Albatros). Parallèlement à l’initiative de quelques parents, la fondation Albatros est créée pour soutenir les projets élaborés et pour répondre au mieux aux besoins des résidents. 

Nous voilà en 2011. On entreprend alors un nouveau chantier, sur le site de Petite-Chapelle, qui nécessite le séjour temporaire d’un groupe de 55 résidents hors des murs de l’Albatros.

Un vaste programme de rénovation et d’agrandissement des trois premiers foyers des Rièzes et des Sarts est rondement mené pour permettre l’accueil d’une population vieillissante ou plus handicapée. Un accord est donné par l’Agence Wallonne pour l’Intégration des Personnes Handicapées (l’AWIPH) pour l’accueil de personnes belges en convention nominative.

De plus, un nouveau foyer « la Ruche » est construit. Il ouvre ses portes en mai 2012 et l’Albatros accueille 294 Résidents et emploie 340 membres du personnel qui habitent de part et d’autre de la frontière. 

L’équipe composée de la direction, des services administratif et technique se consolide, l’organisation s’adapte à la nouvelle taille de l’entreprise humaine et pour clôturer le programme de cette année, un nouveau foyer d’accueil médicalisé autorisé par le Conseil Général et par l’Agence Régionale de Santé, le 16ème foyer d’hébergement « l’Espièglerie » ouvrira ses portes en mai sur le sol français, en face du foyer de la Source.

Il poursuivra le développement du projet pour personnes très dépendantes avec de graves troubles du comportement; celui-ci est l’aboutissement d’une adaptation des démarches d’accompagnement qui sont mises en place au fur et à mesure de l’apparition des nouveaux besoins des personnes accueillies à l’Albatros.

Une équipe d’éducateurs, d’aides-soignants et d’infirmiers accompagneront les résidents selon leurs besoins.

Mais ce n’est pas tout ; déjà, le projet d’un nouveau bâtiment destiné à remplacer l’ancien foyer de l’Ermitage est sur les rails et verra le jour en 2015. Par ailleurs, un nouveau foyer pour personnes très dépendantes sera construit sur le site de Petite-Chapelle en 2016. Et la collaboration avec le Conseil Général des Ardennes ne cessera pas de se poursuivre.

En 50 ans, ce développement extraordinaire n’aura été possible qu’avec la confiance des autorités du Conseil Général des Ardennes qui ont notamment permis l’installation de plus de 108 places sur le territoire du Département sans compter l’association sœur Albatros 08, qui depuis sa création, a déjà réalisé des projets d’extension de ses activités.

De nouvelles conventions sont également envisagées avec l’AVIQ ( Région Wallonne) pour permettre l’accueil de personnes originaires de la région.

Un partenariat exceptionnel avec la Fondation Chimay-Wartoise a permis de développer et concrétiser un projet de construction d’un site d’hébergement et d’ateliers lié à l’élevage, au maraîchage ainsi qu’à la transformation de produits. Ce projet réalisé sur un autre site est opérationnel et a permis à partir de l’année 2020 d’accueillir 36 personnes et d’élargir le panel d’ateliers accessible à tous les résidents de l’Albatros qui le souhaitent. Un magasin ouvert au public et tenu par les résidents est un outil accentuant l’inclusion.

En 2021, un nouvel hébergement a vu le jour sur le village de Signy-le-Petit (08) afin de répondre à des souhaits d’accueil de jeunes adultes en amendement creton orientés en foyer de vie.

Ce projet nous a donné la possibilité de répondre, en accord avec les autorités départementales, à un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) de l’ARS Grand Est afin d’éviter les départs non souhaités en Belgique pour des personnes handicapées orientées en FAM.

Suite à l’acceptation de notre demande par l’ARS, une aile de cette infrastructure a été consacrée à l’accueil de jeunes adultes autistes qui bénéficieront de l’expertise de l’équipe formée à l’autisme.

Toutes les personnes accueillies sur ce site bénéficient des ateliers proposés sur les sites de Petite-Chapelle et de l’Albatros-Poteaupré.